Electrode oesophagienne

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L'enregistrement de l'activité atriale au moyen d’une sonde située dans l'œsophage permet une analyse fine de l'activité électrique atriale.

La proximité anatomique entre la face postérieure de l’oreillette gauche et l'œsophage, permet un enregistrement de l'activité atriale et une stimulation de cette cavité, afin d’établir le diagnostic de nombreux troubles du rythme. Cette technique utilisée depuis de nombreuses années a prouvé son efficacité ainsi que sa sécurité.

Elle est réalisée au décours d'une consultation avec introduction d'une sonde déglutie dans l'œsophage ou par le nez, après anesthésie locale, pour permettre l'enregistrement et la stimulation de l’oreillette gauche. Les sondes œsophagiennes peuvent être introduites dès l'âge de 10 ans, la sonde est introduite par la bouche et positionnée en regard de l'oreillette gauche. Le repérage se fait au moyen de l'enregistrement de l'atriogramme avec retrait progressif de la sonde.

Indications :

Il existe de nombreuses indications pour la stimulation transœsophagienne, dont voici les principales : – La réduction d'un accès de flutter atrial : Cette indication est de moins en moins fréquente depuis la banalisation de l'ablation de l'isthme cavotricuspide , mais elle peut permettre une réduction rapide de ce type de troubles du rythme.

- Le taux de succès est très intéressant pour les flutters post-opératoires, avec plus de 90% de réussite. Pour les flutters communs, ce taux est de 75%[1]

- Le diagnostic étiologique d'une tachycardie supra-ventriculaire notamment chez l'enfant ou les manœuvres endocavitaires ne sont pas systématiques [2].

- Le déclenchement d'une tachycardie supraventriculaire chez un patient présentant des symptômes évoquant une tachycardie jonctionnelle, chez qui aucun enregistrement ECG n'a pu être réalisé du fait de la rareté des symptômes, ou de l'absence de disponibilité d'enregistreur de longue durée. Chez un patient présentant des accès de palpitations, il sera authentifié dans une série nancéienne plus de 70% de déclenchement d’une tachycardie par réentrée intra-nodale via une stimulation trans-oesophagienne[3].


- L'étude de la fonction sinusale avec à l'instar des procédures endocavitaires, la possibilité de réalisation d'un temps de récupération sinusale. Néanmoins ce test est peu utilisé du fait de sa valeur prédictive positive faible.

- La confirmation de l’efficacité thérapeutique post-ablation, en particulier dans le cadre de l’ablation d’une dualité nodale[4].

- La confirmation et l'évaluation pronostique non invasive d'une préexcitation ventriculaire avec détermination de la période réfractaire antérograde, afin d'optimiser le choix thérapeutique[5].


Les avantages de cette technique sont sa simplicité d’utilisation en consultation et son efficacité rapide sur les troubles du rythme supra-ventriculaires organisés permettant d’éviter une anesthésie générale pour la réduction d’un flutter. Elle permet également d’affirmer la malignité d’une voie accessoire avec une période réfractaire plus précise que lors d’une épreuve d’effort simple. Elle est donc également très utile chez les enfants et femmes enceintes ou la réduction de l’exposition aux rayons est une nécessité absolue. Cependant, elle présente le désavantage majeur de ne pouvoir réaliser aucune thérapeutique ablative et conduit à reconvoquer le patient pour la réalisation d’une éventuelle ablation. Par ailleurs, suivant les courants de sortie nécessaires pour capturer l’oreillette, la stimulation peut être douloureuse, ainsi que l’introduction de la sonde. Il est évoqué dans la littérature quelques cas de complications à type de brûlure œsophagienne en cas de stimulation prolongée[6].

En conclusion, la stimulation œsophagienne, est une technique qui peut être utilisée dans certaines indications précises, mais qui est de moins en moins utilisée devant l’essor des thérapeutiques ablatives endocavitaires.

  1. [1] Du Cailac C. et Al. Flutter auriculaire après chirurgie cardiothoracique. Traitement par stimulation auriculaire par voie œsophagienne. Presse Med 1984; 13: pp. 2193-2196.
  2. Benson D.W., Dunnigan A., Benditt D.G., Pritzker M.E., Thompson T.R.: Transesophageal study of infant supraventricular tachycardia. Electrophysiologic characteristics. Am J Cardiol 1983; 52: pp. 1002-1006
  3. Brembilla-Perrot B., Spatz F., Khaldi E., Terrier de la Chaise A., Le Van D., Pernot C.: Value of esophageal pacing in evaluation of supraventricular tachycardia. Am J Cardiol 1990; 65: pp. 322-330.
  4. Deharo J.C., Moustakfir A., Macaluso G., Le Tallec P., Djiane P.: Use of esophageal investigation in the mid-term outcome after radiofrequenccy ablation of intranodal tachycardia. Arch Mal Coeur Vaiss 1996; 79: pp. 1357-1359
  5. Brembilla-Perrot B. Electrophysiological evaluation of Wolff-Parkinson-White syndrome. Indian Pacing Electrophysiol J. 2002 Oct 1;2(4):143-52. PMID: 16951730; PMCID: PMC1557416.
  6. Köhler H., Zink S., Scharf J., Koch A.: Severe esophageal burn after transesophageal pacing. Endoscopy 2007; pp. E300.