Repolarisation précoce (onde J inféro-latérale)

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ECG montrant une repolarisation précoce dans les dérivations inférieures et latérales

Sur l’électrocardiogramme, une repolarisation précoce se caractérise par une ascension du point J en dehors de toute autre situation favorisant son apparition. Cet aspect est principalement présent dans les dérivations latérales et inférieures[1].

Il peut s’agir d’un empâtement terminal du QRS (« slurring ») si le début de l’onde J n’est pas visible et fusionnée avec le QRS.

L’autre forme s’apparente à un crochetage terminal du QRS (« notching ») si l’onde J est bien individualisée avec un début, un pic et une fin visibles.

Historique

En 1936, Shipley et Hallaran notent pour la première fois un empâtement ou un fractionnement terminal du QRS dans les dérivations inféro-latérales chez 16 à 25 % des sujets sains[2].

En 1951, Grant utilise pour la première fois le terme de « repolarisation précoce » [3].

Pendant plusieurs décennies, cet aspect a été considéré comme une variante bénigne de la repolarisation ventriculaire. En 2008, Haissaguerre nuance cette position en montrant une association significative entre repolarisation précoce et fibrillation ventriculaire chez des patients ayant fait une mort subite récupérée. Cette distinction est à l’origine du « syndrome de repolarisation précoce » qui concerne une minorité de patients ayant une repolarisation précoce mais près d’un tiers des patients ayant fait une fibrillation ventriculaire considérée idiopathique jusqu'à présent[4].

Épidémiologie

La repolarisation précoce concerne 1 à 11 % de la population générale[5][6].

La prévalence est plus élevée chez l’homme, le sujet noir et le sujet sportif[6].

Diagnostic

Les critères pour le diagnostic de la repolarisation précoce ont évolué dans le temps.

Un consensus en 2015 retenait 3 éléments essentiels[1] :

  • Une encoche ou un empâtement de la fin du QRS, situé au dessus de la ligne de base
  • Une amplitude de l’onde J supérieure à 0,1 mV dans 2 dérivations contiguës (en dehors des dérivations V1 à V3)
  • Des QRS d’une durée inférieure à 120 ms

Implications

La repolarisation précoce concerne jusqu’à 11 % de la population générale et est une constatation bénigne dans l’immense majorité des cas. Ceci est appuyée par une méta-analyse publiée en 2012 qui retrouvait une arythmie mortelle chez 0,07 % d'entre eux[7].

Il s'agit de repérer dans cette grande cohorte de patients ceux ayant un risque d’arythmie ventriculaire élevé, d'où l'importance d'une stratification du risque.

Certains critères ont été associés à une évolution péjorative sur le plan rythmique[8][9][10]:

  • Un syndrome de repolarisation précoce touchant les dérivations inférieures
  • Une onde J ample et/ou de type « notching »
  • Un segment ST horizontal ou descendant
  • Des ondes T de faible amplitude avec un ratio onde T/onde R bas
  • Un intervalle QTc allongé
    Auteur(s): Arsène Auperin


Références

  1. 1,0 et 1,1 Macfarlane PW, Antzelevitch C, Haissaguerre M, Huikuri HV, Potse M, Rosso R, Sacher F, Tikkanen JT, Wellens H, Yan GX. The Early Repolarization Pattern: A Consensus Paper. J Am Coll Cardiol. 2015 Jul 28;66(4):470-7. doi: 10.1016/j.jacc.2015.05.033. Erratum in: J Am Coll Cardiol. 2015 Sep 8;66(10):1206. PMID: 26205599.
  2. Shipley, R.A. and Hallaran, W.R. (1936) The Four-Lead Electrocardiogram in Two Hundred Normal Men and Women. American Heart Journal, 11, 325-345.
  3. Grant RP, Estes HE, Doyle JT. Spatial vector electrocardiography; the clinical characteristics of S-T and T vectors. Circulation (1951) 3:182–97. 10.1161/01.CIR.3.2.182
  4. Haïssaguerre M, Derval N, Sacher F, Jesel L, Deisenhofer I, de Roy L, Pasquié JL, Nogami A, Babuty D, Yli-Mayry S, De Chillou C, Scanu P, Mabo P, Matsuo S, Probst V, Le Scouarnec S, Defaye P, Schlaepfer J, Rostock T, Lacroix D, Lamaison D, Lavergne T, Aizawa Y, Englund A, Anselme F, O'Neill M, Hocini M, Lim KT, Knecht S, Veenhuyzen GD, Bordachar P, Chauvin M, Jais P, Coureau G, Chene G, Klein GJ, Clémenty J. Sudden cardiac arrest associated with early repolarization. N Engl J Med. 2008 May 8;358(19):2016-23. doi: 10.1056/NEJMoa071968. PMID: 18463377.
  5. Mehta M, Jain AC, Mehta A. Early repolarization. Clin Cardiol. 1999 Feb;22(2):59-65. doi: 10.1002/clc.4960220203. PMID: 10068841; PMCID: PMC6655840.
  6. 6,0 et 6,1 Ji HY, Hu N, Liu R, Zhou HR, Gao WL, Quan XQ. Worldwide prevalence of early repolarization pattern in general population and physically active individuals: A meta-analysis. Medicine (Baltimore). 2021 Jun 4;100(22):e25978. doi: 10.1097/MD.0000000000025978. PMID: 34087840; PMCID: PMC8183793.
  7. Wu SH, Lin XX, Cheng YJ, Qiang CC, Zhang J. Early repolarization pattern and risk for arrhythmia death: a meta-analysis. J Am Coll Cardiol. 2013 Feb 12;61(6):645-50. doi: 10.1016/j.jacc.2012.11.023. Epub 2013 Jan 2. Erratum in: J Am Coll Cardiol. 2013 May 14;61(19):2027-8. PMID: 23290543.
  8. Merchant FM, Noseworthy PA, Weiner RB, Singh SM, Ruskin JN, Reddy VY. Ability of terminal QRS notching to distinguish benign from malignant electrocardiographic forms of early repolarization. Am J Cardiol. 2009 Nov 15;104(10):1402-6. doi: 10.1016/j.amjcard.2009.06.062. Epub 2009 Sep 26. PMID: 19892058.
  9. Roten L, Derval N, Maury P, Mahida S, Pascale P, Leenhardt A, Jesel L, Deisenhofer I, Kautzner J, Probst V, Rollin A, Ruidavets JB, Ferrières J, Sacher F, Heg D, Scherr D, Komatsu Y, Daly M, Denis A, Shah A, Hocini M, Jaïs P, Haïssaguerre M. Benign vs. malignant inferolateral early repolarization: Focus on the T wave. Heart Rhythm. 2016 Apr;13(4):894-902. doi: 10.1016/j.hrthm.2015.11.020. Epub 2015 Dec 1. PMID: 26592849.
  10. Tikkanen JT, Junttila MJ, Anttonen O, Aro AL, Luttinen S, Kerola T, Sager SJ, Rissanen HA, Myerburg RJ, Reunanen A, Huikuri HV. Early repolarization: electrocardiographic phenotypes associated with favorable long-term outcome. Circulation. 2011 Jun 14;123(23):2666-73. doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.110.014068. Epub 2011 May 31. PMID: 21632493.