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« Tachycardie par réentrée intra-nodale » : différence entre les versions

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==== Exploration en rythme sinusal ====
==== Exploration en rythme sinusal ====
Lorsque l’exploration a lieu en rythme sinusal, elle va avoir pour objectif premier de démontrer l’existence d’une dualité nodale. C’est le cas lorsqu’un extrastimulus atrial permet d’allonger l’intervalle AV (plus exactement l’intervalle AH) de plus de 50 ms alors qu’il n’est plus précoce que l’extrastimulus du train de stimulation précédent que de 10 (ou 20) ms. C’est ce qu’on appelle un saut de conduction antérograde (Figure 9). Un saut de conduction rétrograde peut plus rarement être démontré dans les mêmes conductions mais avec des extrastimuli ventriculaires. Ces sauts correspondent à un blocage de l’influx électrique dans la voie rapide avec un passage abrupt sur la voie lente.
Lorsque l’exploration a lieu en rythme sinusal, elle va avoir pour objectif premier de démontrer l’existence d’une dualité nodale. C’est le cas lorsqu’un extrastimulus atrial permet d’allonger l’intervalle AV (plus exactement l’intervalle AH) de plus de 50 ms alors qu’il n’est plus précoce que l’extrastimulus du train de stimulation précédent que de 10 (ou 20) ms. C’est ce qu’on appelle un saut de conduction antérograde (Figure 9). Un saut de conduction rétrograde peut plus rarement être démontré dans les mêmes conductions mais avec des extrastimuli ventriculaires. Ces sauts correspondent à un blocage de l’influx électrique dans la voie rapide avec un passage abrupt sur la voie lente.
[[Fichier:Figure 9 - Saut sans écho.jpg|néant|vignette|814x814px|Figure 9. Enregistrements endocavitaires démontrant l’existence d’un saut de conduction. L’encart A montre le dernier extrastimulus avant le saut (entraînement S<sub>1</sub> à 600 ms et extrastimulus S<sub>2</sub> à 380 ms) ; l’intervalle S<sub>2</sub>-H est à 216 ms. Un diagramme en échelle détaille la séquence ; la conduction bloque systématiquement dans la voie lente. L’encart B montre l’extrastimulus suivant, plus précoce de 10 ms (entraînement S<sub>1</sub> à 600 ms et extrastimulus S<sub>2</sub> à 370 ms). L’intervalle S<sub>2</sub>-H s’est brusquement allongé de 70 ms pour atteindre 286 ms. C’est le saut de conduction antérograde. Le diagramme en échelle détaille la séquence et montre explicitement le passage à une conduction sur la voie lente.]]
[[Fichier:Figure 9 - Saut sans écho.jpg|néant|vignette|954x954px|Figure 9. Enregistrements endocavitaires démontrant l’existence d’un saut de conduction. L’encart A montre le dernier extrastimulus avant le saut (entraînement S<sub>1</sub> à 600 ms et extrastimulus S<sub>2</sub> à 380 ms) ; l’intervalle S<sub>2</sub>-H est à 216 ms. Un diagramme en échelle détaille la séquence ; la conduction bloque systématiquement dans la voie lente. L’encart B montre l’extrastimulus suivant, plus précoce de 10 ms (entraînement S<sub>1</sub> à 600 ms et extrastimulus S<sub>2</sub> à 370 ms). L’intervalle S<sub>2</sub>-H s’est brusquement allongé de 70 ms pour atteindre 286 ms. C’est le saut de conduction antérograde. Le diagramme en échelle détaille la séquence et montre explicitement le passage à une conduction sur la voie lente.]]
Un autre signe très évocateur de l’existence d’une dualité nodale est la capacité d’une stimulation atriale à fréquence croissante à repousser progressivement le ventriculogramme au-delà de la stimulation atriale suivante. On observe alors un intervalle PR plus long que l’intervalle RR (''cross over'', Figure 10).
Un autre signe très évocateur de l’existence d’une dualité nodale est la capacité d’une stimulation atriale à fréquence croissante à repousser progressivement le ventriculogramme au-delà de la stimulation atriale suivante. On observe alors un intervalle PR plus long que l’intervalle RR (''cross over'', Figure 10).
[[Fichier:Figure 10 - Wenckebach.jpg|néant|vignette|511x511px|Figure 10. Représentation d’une manœuvre de stimulation atriale à fréquence croissante chez un patient porteur d’une dualité nodale. On remarque que la troisième stimulation atriale engendre le 3<sup>e</sup> complexe ventriculaire, qui survient au-delà de la stimulation atriale suivante. Cela est probablement concomitant d’un passage de la conduction de la voie rapide à la voie lente comme schématisé sur le diagramme en échelle au-dessous.]]
[[Fichier:Figure 10 - Wenckebach.jpg|néant|vignette|749x749px|Figure 10. Représentation d’une manœuvre de stimulation atriale à fréquence croissante chez un patient porteur d’une dualité nodale. On remarque que la troisième stimulation atriale engendre le 3<sup>e</sup> complexe ventriculaire, qui survient au-delà de la stimulation atriale suivante. Cela est probablement concomitant d’un passage de la conduction de la voie rapide à la voie lente comme schématisé sur le diagramme en échelle au-dessous.]]
Il est très important de souligner que l’existence d’une dualité nodale est fréquente dans la population générale (environ 25% des sujets) ;(3) l’écrasante majorité de ces sujets ne développera jamais de tachycardie. Par conséquent, la simple existence d’une dualité nodale ne permet pas en soi d’affirmer le mécanisme par réentrée intra-nodale d’une tachycardie supraventriculaire. L’exploration électrophysiologique doit être rigoureuse pour ne pas passer à côté d’un diagnostic différentiel.
Il est très important de souligner que l’existence d’une dualité nodale est fréquente dans la population générale (environ 25% des sujets) ;<ref name=":0" /> l’écrasante majorité de ces sujets ne développera jamais de tachycardie. Par conséquent, la simple existence d’une dualité nodale ne permet pas en soi d’affirmer le mécanisme par réentrée intra-nodale d’une tachycardie supraventriculaire. L’exploration électrophysiologique doit être rigoureuse pour ne pas passer à côté d’un diagnostic différentiel.
 
Dans les cas typiques, le saut de conduction s’accompagne d’un écho, c’est-à-dire d’un signal atrial concomitant au signal ventriculaire, témoin d’une remontée par la voie rapide. Il n’est pas rare que cela suffise à engendrer la tachycardie (Figure 11). Des échos rétrogrades sont également possibles.
Dans les cas typiques, le saut de conduction s’accompagne d’un écho, c’est-à-dire d’un signal atrial concomitant au signal ventriculaire, témoin d’une remontée par la voie rapide. Il n’est pas rare que cela suffise à engendrer la tachycardie (Figure 11). Des échos rétrogrades sont également possibles.
[[Fichier:Figure 11 - Saut écho démarrage.jpg|néant|vignette|1077x1077px|Figure 11. Enregistrements endocavitaires démontrant l’existence d’un saut de conduction avec écho et démarrage d’une tachycardie par réentrée intra-nodale ''slow-fast''. L’encart A montre le dernier extrastimulus avant le saut (entraînement S<sub>1</sub> à 500 ms et extrastimulus S<sub>2</sub> à 230 ms) ; l’intervalle S<sub>2</sub>-V est à 232 ms. Un diagramme en échelle détaille la séquence ; la conduction bloque systématiquement dans la voie lente. L’encart B montre l’extrastimulus suivant, plus précoce de 10 ms (entraînement S<sub>1</sub> à 500 ms et extrastimulus S<sub>2</sub> à 220 ms). L’intervalle S<sub>2</sub>-V s’est brusquement allongé de 179 ms pour atteindre 411 ms. C’est le saut de conduction antérograde, il est accompagné ici d’un écho (activité atriale apparaissant immédiatement après le potentiel ventricule par passage rétrograde via la voie rapide), et plus généralement, d’un démarrage de la tachycardie. Le diagramme en échelle détaille la séquence.]]
Figure 11. Enregistrements endocavitaires démontrant l’existence d’un saut de conduction avec écho et démarrage d’une tachycardie par réentrée intra-nodale slow-fast. L’encart A montre le dernier extrastimulus avant le saut (entraînement S1 à 500 ms et extrastimulus S2 à 230 ms) ; l’intervalle S2-V est à 232 ms. Un diagramme en échelle détaille la séquence ; la conduction bloque systématiquement dans la voie lente. L’encart B montre l’extrastimulus suivant, plus précoce de 10 ms (entraînement S1 à 500 ms et extrastimulus S2 à 220 ms). L’intervalle S2-V s’est brusquement allongé de 179 ms pour atteindre 411 ms. C’est le saut de conduction antérograde, il est accompagné ici d’un écho (activité atriale apparaissant immédiatement après le potentiel ventricule par passage rétrograde via la voie rapide, et plus généralement, d’un démarrage de la tachycardie). Le diagramme en échelle détaille la séquence.
La stimulation parahissienne montre une réponse nodale, c’est-à-dire un allongement de l’intervalle VA à la perte de capture hissienne (obtenue par diminution de la tension de stimulation, Figure 12).
La stimulation parahissienne montre une réponse nodale, c’est-à-dire un allongement de l’intervalle VA à la perte de capture hissienne (obtenue par diminution de la tension de stimulation, Figure 12).
[[Fichier:FIgure 12 - Negative PHP.jpg|néant|vignette|622x622px|Figure 12. Représentation d’une manœuvre de stimulation parahissienne avec réponse nodale. La partie haute correspond à une représentation schématique de l’anatomie et du trajet emprunté par l’influx électrique ; le point rouge correspond à la stimulation hissienne et le diamètre de celui-ci à la tension de stimulation. La stimulation à haute tension engendre une capture du faisceau de His (C) et un QRS fin, l’activation rétrograde des atria se fait avec un délai court car l’influx électrique n’a qu’à traverser le nœud atrioventriculaire. Lorsque la tension de stimulation est plus basse (partie droite de la figure), il y a une capture du myocarde local mais une perte de capture du faisceau de His (NC). Le QRS est donc large et l’influx électrique doit descendre en distalité dans le ventricule pour atteindre le réseau de Purkinje avant de pouvoir se diriger de manière rétrograde vers le faisceau de His, le nœud atrioventriculaire et enfin dépolariser les atria. L’intervalle entre la stimulation et le potentiel atrial est donc allongé. Cela élimine l’existence d’une voie accessoire, en particulier septale.]]
Figure 12. Représentation d’une manœuvre de stimulation parahissienne avec réponse nodale. La partie haute correspond à une représentation schématique de l’anatomie et du trajet emprunté par l’influx électrique ; le point rouge correspond à la stimulation hissienne et le diamètre de celui-ci à la tension de stimulation. La stimulation à haute tension engendre une capture du faisceau de His (C) et un QRS fin, l’activation rétrograde des atria se fait avec un délai court car l’influx électrique n’a qu’à traverser le nœud atrioventriculaire. Lorsque la tension de stimulation est plus basse (partie droite de la figure), il y a une capture du myocarde local mais une perte de capture du faisceau de His (NC). Le QRS est donc large et l’influx électrique doit descendre en distalité dans le ventricule pour atteindre le réseau de Purkinje avant de pouvoir se diriger de manière rétrograde vers le faisceau de His, le nœud atrioventriculaire et enfin dépolariser les atria. L’intervalle entre la stimulation et le potentiel atrial est donc allongé. Cela élimine l’existence d’une voie accessoire, en particulier septale.
L’induction des tachycardies se fait par l’administration d’un ou plusieurs extrastimuli atriaux. L’objectif est de bloquer la voie rapide pour emprunter la voie lente dans le sens antérograde et initier la réentrée. Il faut parfois recourir à l’isoprénaline pour moduler les propriétés de conduction respectives de la voie lente et de la voie rapide et obtenir les conditions favorables à la réentrée. Dans de rare cas les extrastimuli ventriculaires vont permettre de déclencher la réentrée.
L’induction des tachycardies se fait par l’administration d’un ou plusieurs extrastimuli atriaux. L’objectif est de bloquer la voie rapide pour emprunter la voie lente dans le sens antérograde et initier la réentrée. Il faut parfois recourir à l’isoprénaline pour moduler les propriétés de conduction respectives de la voie lente et de la voie rapide et obtenir les conditions favorables à la réentrée. Dans de rare cas les extrastimuli ventriculaires vont permettre de déclencher la réentrée.
Exploration en tachycardie
 
==== Exploration en tachycardie ====
Lors de l’exploration électrophysiologique endocavitaire en tachycardie, on observe le plus souvent un rapport en 1:1 entre l’activité atriale et ventriculaire.
Lors de l’exploration électrophysiologique endocavitaire en tachycardie, on observe le plus souvent un rapport en 1:1 entre l’activité atriale et ventriculaire.
Du fait du mécanisme réentrant, les variations de l’intervalle HH précèdent celles de l’intervalle AA.
Du fait du mécanisme réentrant, les variations de l’intervalle HH précèdent celles de l’intervalle AA.
Pour les tachycardies par réentrée intra-nodale typique, l’activation atriale est concentrique (elle débute par l’auriculogramme hissien, se propage de la partie proximale vers la partie distale du sinus coronaire ; elle se propage en parallèle en remontant le long de la paroi latérale de l’atrium droit). L’intervalle VA (entre le ventricule « V » et l’activité atriale « A ») est très court sur le cathéter hissien (<60ms, parfois négatif) (Figure 13, Figure 14).
Pour les tachycardies par réentrée intra-nodale atypiques, l’intervalle VA est long (Figure 13).
   
   
Figure 13. Représentation schématique des tracés endocavitaires au cours des tachycardies par réentrée intra-nodale accompagnés des « diagrammes en échelle » correspondant. L’encart A correspond à une tachycardie slow-fast, l’encart B à une tachycardie fast-slow et l’encart C à une tachycardie slow-slow. On note que dans chaque cas, l’activation atriale est concentrique et que la position des électrogrammes atriaux dans le RR varie selon le type de tachycardie (NAV = nœud atrioventriculaire, CS = sinus coronaire).
Pour les tachycardies par réentrée intra-nodale typique, l’activation atriale est concentrique (elle débute par l’auriculogramme hissien, se propage de la partie proximale vers la partie distale du sinus coronaire ; elle se propage en parallèle en remontant le long de la paroi latérale de l’atrium droit). L’intervalle VA (entre le ventricule « V » et l’activité atriale « A ») est très court sur le cathéter hissien (<60ms, parfois négatif) (Figure 13, Figure 14).
   
   
Figure 14. Enregistrement endocavitaire au cours d’une tachycardie par réentrée intra-nodale slow-fast. Un cathéter d’ablation est placé près du faisceau de His et un cathéter quadripolaire est placé dans le sinus coronaire.
Pour les tachycardies par réentrée intra-nodale atypiques, l’intervalle VA est long (Figure 13).
Manœuvres d’entrainement
[[Fichier:Figure 13 - RIN endocavitaire.jpg|néant|vignette|891x891px|Figure 13. Représentation schématique des tracés endocavitaires au cours des tachycardies par réentrée intra-nodale accompagnés des « diagrammes en échelle » correspondant. L’encart A correspond à une tachycardie slow-fast, l’encart B à une tachycardie fast-slow et l’encart C à une tachycardie ''slow-slow''. On note que dans chaque cas, l’activation atriale est concentrique et que la position des électrogrammes atriaux dans le RR varie selon le type de tachycardie (NAV = nœud atrioventriculaire, CS = sinus coronaire).]]
La manœuvre d’entrainement principale dans le diagnostic différentiel des tachycardies supraventriculaires est l’entraînement ventriculaire en tachycardie. Un train de stimulation est délivré à l’aide du cathéter placé dans le ventricule droit avec un cycle plus court de 10 à 20 ms à celui de la tachycardie.
[[Fichier:Figure 14 - AVNRT with His.jpg|néant|vignette|600x600px|Figure 14. Enregistrement endocavitaire au cours d’une tachycardie par réentrée intra-nodale ''slow-fast''. Un cathéter d’ablation est placé près du faisceau de His et un cathéter quadripolaire est placé dans le sinus coronaire.]]
A l’arrêt de cet entraînement ventriculaire, on observe une réponse VAV (plus précisément VAHV). Cela distingue les tachycardies par réentrée intra-nodale des tachycardies atriales, ces dernières présentant une réponse VAAV.
 
L’intervalle entre la dernière stimulation ventriculaire et le premier signal recueilli sur la sonde ventriculaire à l’arrêt de l’entraînement (PPI, Post Pacing Interval) est long (supérieur de plus de 110 ms au cycle de la tachycardie, après correction de l’allongement de l’intervalle AH par la stimulation) car le ventricule ne fait pas partie du circuit. Le délai entre la stimulation ventriculaire et le recueil du signal atrial dans le sinus coronaire (intervalle S-A) est plus long que le délai entre le signal ventriculaire et le signal atrial en tachycardie (intervalle V-A) car l’activation du ventricule et de l’atrium est séquentielle pendant l’entraînement ventriculaire alors qu’elle est quasi simultanée en tachycardie (différence entre S-A et V-A >85 ms) (Figure 15, Figure 16).
===== Manœuvres d’entrainement =====
La manœuvre d’entrainement principale dans le diagnostic différentiel des tachycardies supraventriculaires est l’entraînement ventriculaire en tachycardie. Un train de stimulation est délivré à l’aide du cathéter placé dans le ventricule droit avec un cycle plus court de 10 à 20 ms à celui de la tachycardie.
   
   
Figure 15. Représentation d’une manœuvre d’entraînement ventriculaire au cours d’une tachycardie par réentrée intra-nodale typique. La partie haute correspond à un enregistrement endocavitaire et est détaillée en bas par un « diagramme en échelle ». Les deux premiers complexes surviennent spontanément en tachycardie. Celle-ci présente un cycle dénoté « TCL » (tachycardia cycle length). L’intervalle VA en tachycardie est annoté et est très court. Le troisième complexe ventriculaire correspond à une stimulation électrique délivrée à l’apex du ventricule droit. Il est donc légèrement prématuré et vient modifier la séquence de la tachycardie : le potentiel hissien passe après le potentiel ventriculaire et les potentiels atriaux sont décalés dans le temps. L’intervalle entre le stimulus ventriculaire et le potentiel atrial est dénoté « SA » et est long. La différence SA-VA est supérieure à 85 ms. Les pointillés correspondent à une ellipse, toutes les stimulations ventriculaires délivrées pendant l’entraînement n’ont pas été représentées. Le quatrième complexe ventriculaire correspond au dernier stimulus de l’entraînement. Il génère un potentiel ventriculaire (V) puis un potentiel atrial (A) ; la tachycardie se poursuit (indispensable à la validité de la manœuvre) avec un potentiel hissien (H) puis un potentiel ventriculaire (V). La réponse à l’arrêt de l’entraînement ventriculaire est donc VAHV. L’intervalle entre la dernière stimulation ventriculaire et le premier potentiel ventriculaire suivant en tachycardie est dénoté « PPI » (post pacing interval). On remarque qu’il est long (supérieur à 110 ms) car l’apex du ventricule droit où est réalisée la stimulation est à distance du circuit de la réentrée. Il s’agit donc de la réponse typique attendue après un entraînement ventriculaire dans le cadre d’une tachycardie par réentrée intra-nodale.
A l’arrêt de cet entraînement ventriculaire, on observe une réponse VAV (plus précisément VAHV). Cela distingue les tachycardies par réentrée intra-nodale des tachycardies atriales, ces dernières présentant une réponse VAAV (Figures 15 et 16).
   
   
Figure 16. Enregistrement endocavitaire de la réponse d’une tachycardie par réentrée intra-nodale à un entraînement ventriculaire. Les trois premiers complexes correspondent aux trois dernières stimulations de l’entraînement ventriculaire et les trois suivant à la tachycardie se poursuivant. Le cycle de la tachycardie est à 354 ms. L’entraînement est réalisé avec un cycle de 320 ms. L’intervalle AA en tachycardie est également à 320 ms, ce qui signe le succès d’entraînement. L’intervalle VA en tachycardie est très court à 14 ms (il s’agit d’une réentrée typique). L’intervalle SA est mesuré à 102 ms ; la différence SA-VA est donc longue à 88 ms, ce qui est en faveur d’une réentrée intra-nodale et en défaveur d’une réentrée sur voie accessoire. Le PPI est mesuré à 498 ms ; la différence avec le cycle de la tachycardie est donc de 144 ms, ce qui est long, en faveur d’une tachycardie par réentrée intra-nodale et en défaveur d’une réentrée sur voie accessoire. Enfin, la réponse à l’arrêt de l’entraînement est de type VAV, ce qui est en faveur d’une tachycardie par réentrée intra-nodale et en défaveur d’une tachycardie atriale focale ou d’une macroréentrée atriale.
L’intervalle entre la dernière stimulation ventriculaire et le premier signal recueilli sur la sonde ventriculaire à l’arrêt de l’entraînement (PPI, Post Pacing Interval) est long (supérieur de plus de 110 ms au cycle de la tachycardie, après correction de l’allongement de l’intervalle AH par la stimulation) car le ventricule ne fait pas partie du circuit. Le délai entre la stimulation ventriculaire et le recueil du signal atrial dans le sinus coronaire (intervalle S-A) est plus long que le délai entre le signal ventriculaire et le signal atrial en tachycardie (intervalle V-A) car l’activation du ventricule et de l’atrium est séquentielle pendant l’entraînement ventriculaire alors qu’elle est quasi simultanée en tachycardie (différence entre S-A et V-A >85 ms) (Figures 15 et 16).
[[Fichier:Figure 15 - Entraînement ventriculaire.jpg|néant|vignette|1001x1001px|Figure 15. Représentation d’une manœuvre d’entraînement ventriculaire au cours d’une tachycardie par réentrée intra-nodale typique. La partie haute correspond à un enregistrement endocavitaire et est détaillée en bas par un « diagramme en échelle ». Les deux premiers complexes surviennent spontanément en tachycardie. Celle-ci présente un cycle dénoté « TCL » (''tachycardia cycle length''). L’intervalle VA en tachycardie est annoté et est très court. Le troisième complexe ventriculaire correspond à une stimulation électrique délivrée à l’apex du ventricule droit. Il est donc légèrement prématuré et vient modifier la séquence de la tachycardie : le potentiel hissien passe après le potentiel ventriculaire et les potentiels atriaux sont décalés dans le temps. L’intervalle entre le stimulus ventriculaire et le potentiel atrial est dénoté « SA » et est long. La différence SA-VA est supérieure à 85 ms. Les pointillés correspondent à une ellipse, toutes les stimulations ventriculaires délivrées pendant l’entraînement n’ont pas été représentées. Le quatrième complexe ventriculaire correspond au dernier stimulus de l’entraînement. Il génère un potentiel ventriculaire (V) puis un potentiel atrial (A) ; la tachycardie se poursuit (indispensable à la validité de la manœuvre) avec un potentiel hissien (H) puis un potentiel ventriculaire (V). La réponse à l’arrêt de l’entraînement ventriculaire est donc VAHV. L’intervalle entre la dernière stimulation ventriculaire et le premier potentiel ventriculaire suivant en tachycardie est dénoté « PPI » (''post pacing interval''). On remarque qu’il est long (supérieur à 110 ms) car l’apex du ventricule droit où est réalisée la stimulation est à distance du circuit de la réentrée. Il s’agit donc de la réponse typique attendue après un entraînement ventriculaire dans le cadre d’une tachycardie par réentrée intra-nodale.]]
[[Fichier:Figure 16 - ppi vav sava.jpg|néant|vignette|600x600px|Figure 16. Enregistrement endocavitaire de la réponse d’une tachycardie par réentrée intra-nodale à un entraînement ventriculaire. Les trois premiers complexes correspondent aux trois dernières stimulations de l’entraînement ventriculaire et les trois suivant à la tachycardie se poursuivant. Le cycle de la tachycardie est à 354 ms. L’entraînement est réalisé avec un cycle de 320 ms. L’intervalle AA en tachycardie est également à 320 ms, ce qui signe le succès d’entraînement. L’intervalle VA en tachycardie est très court à 14 ms (il s’agit d’une réentrée typique). L’intervalle SA est mesuré à 102 ms ; la différence SA-VA est donc longue à 88 ms, ce qui est en faveur d’une réentrée intra-nodale et en défaveur d’une réentrée sur voie accessoire. Le PPI est mesuré à 498 ms ; la différence avec le cycle de la tachycardie est donc de 144 ms, ce qui est long, en faveur d’une tachycardie par réentrée intra-nodale et en défaveur d’une réentrée sur voie accessoire. Enfin, la réponse à l’arrêt de l’entraînement est de type VAV, ce qui est en faveur d’une tachycardie par réentrée intra-nodale et en défaveur d’une tachycardie atriale focale ou d’une macroréentrée atriale.]]
L’initiation de l’entraînement ventriculaire est également utile au diagnostic de la tachycardie. Dans une réentrée intra-nodale, le ventricule ne faisant pas partie du circuit, il est nécessaire d’avoir plusieurs stimulations ventriculaires (avec capture complète) avant que l’influx ne pénètre le NAV (et donc le circuit de la tachycardie) et n’aboutisse à un entrainement de celle-ci. Cette caractéristique distingue les réentrées intra-nodales des réentrées sur voie accessoire où le ventricule fait partie du circuit. (Figure 17).
L’initiation de l’entraînement ventriculaire est également utile au diagnostic de la tachycardie. Dans une réentrée intra-nodale, le ventricule ne faisant pas partie du circuit, il est nécessaire d’avoir plusieurs stimulations ventriculaires (avec capture complète) avant que l’influx ne pénètre le NAV (et donc le circuit de la tachycardie) et n’aboutisse à un entrainement de celle-ci. Cette caractéristique distingue les réentrées intra-nodales des réentrées sur voie accessoire où le ventricule fait partie du circuit. (Figure 17).
[[Fichier:Figure 17 - Dandamudi.jpg|néant|vignette|750x750px|Figure 17. Représentation d’une initiation d’entraînement ventriculaire en tachycardie par réentrée intra-nodale. Le premier complexe QRS fait partie de la tachycardie. Le second et le troisième sont le résultat d’une stimulation ventriculaire ; on remarque qu’ils sont fusionnés car le ventricule est en partie dépolarisé par la stimulation et en partie par la tachycardie. Le quatrième QRS ne présente pas de fusion ; il s’agit du premier complexe résultant d’une dépolarisation du ventricule complètement issue de la stimulation. Suite à ce QRS, on voit sur le diagramme en échelle que le faisceau de His est dépolarisé de manière rétrograde mais que l’influx n’atteint pas le nœud atrioventriculaire et donc pas le circuit de la tachycardie. Le potentiel atrial qui suit est issu de la tachycardie, il n’est donc pas entraîné ni avancé. Le cinquième QRS ne présente pas non plus de fusion, cette fois-ci, il parvient à pénétrer le nœud atrioventriculaire et génère l’onde P suivante qui est donc avancée. Il s’agit de la première activité atriale entraînée, à partir de là, la durée de l’intervalle VA est fixe. Il aura donc fallu deux QRS avec capture ventriculaire complète pour entraîner les atria, ce qui exclut une tachycardie par réentrée sur voie accessoire. Cette manœuvre est souvent appelée « manœuvre de Dandamudi ».<ref>Dandamudi G, Mokabberi R, Assal C, Das MK, Oren J, Storm R, et al. A novel approach to differentiating orthodromic reciprocating tachycardia from atrioventricular nodal reentrant tachycardia. Heart Rhythm. 2010 Sep;7(9):1326–9.</ref>]]
Figure 17. Représentation d’une initiation d’entraînement ventriculaire en tachycardie par réentrée intra-nodale. Le premier complexe QRS fait partie de la tachycardie. Le second et le troisième sont le résultat d’une stimulation ventriculaire ; on remarque qu’ils sont fusionnés car le ventricule est en partie dépolarisé par la stimulation et en partie par la tachycardie. Le quatrième QRS ne présente pas de fusion ; il s’agit du premier complexe résultant d’une dépolarisation du ventricule complètement issue de la stimulation. Suite à ce QRS, on voit sur le diagramme en échelle que le faisceau de His est dépolarisé de manière rétrograde mais que l’influx n’atteint pas le nœud atrioventriculaire et donc pas le circuit de la tachycardie. Le potentiel atrial qui suit est issu de la tachycardie, il n’est donc pas entraîné ni avancé. Le cinquième QRS ne présente pas non plus de fusion, cette fois-ci, il parvient à pénétrer le nœud atrioventriculaire et génère l’onde P suivante qui est donc avancée. Il s’agit de la première activité atriale entraînée, à partir de là, la durée de l’intervalle VA est fixe. Il aura donc fallu deux QRS avec capture ventriculaire complète pour entraîner les atria, ce qui exclut une tachycardie par réentrée sur voie accessoire. Cette manœuvre est souvent appelée « manœuvre de Dandamudi ».(10)
Un entraînement atrial peut également être délivré en tachycardie. A l’arrêt de celui-ci, l’intervalle VA est constant ou presque (<14 ms), que la stimulation soit effectuée sur la partie haute de l’oreillette droite ou la partie proximale du sinus coronaire. Cette caractéristique distingue la tachycardie par réentrée intra-nodale d’une tachycardie atriale pour laquelle il n’y a pas de circuit de réentrée. Il n’y a donc pas de lien entre le potentiel ventriculaire et le potentiel atrial suivant ; l’intervalle VA à l’arrêt de l’entrainement atrial sera variable et dépendant de la fréquence de stimulation atriale et de sa localisation par rapport au foyer de la tachycardie.  
Un entraînement atrial peut également être délivré en tachycardie. A l’arrêt de celui-ci, l’intervalle VA est constant ou presque (<14 ms), que la stimulation soit effectuée sur la partie haute de l’oreillette droite ou la partie proximale du sinus coronaire. Cette caractéristique distingue la tachycardie par réentrée intra-nodale d’une tachycardie atriale pour laquelle il n’y a pas de circuit de réentrée. Il n’y a donc pas de lien entre le potentiel ventriculaire et le potentiel atrial suivant ; l’intervalle VA à l’arrêt de l’entrainement atrial sera variable et dépendant de la fréquence de stimulation atriale et de sa localisation par rapport au foyer de la tachycardie.  
[[Fichier:Figure 18 - Maruyama.jpg|néant|vignette|980x980px|Figure 18. Représentation d’un entraînement atrial au cours d’une tachycardie par réentrée intra-nodale (atypique dans ce cas). L’encart A correspond à un entraînement depuis l’atrium droit (HRA). A l’arrêt de l’entraînement, on mesure la durée de l’intervalle VA. L’encart B correspond à un entraînement depuis le sinus coronaire proximal (CSp). A l’arrêt de l’entraînement, la durée de l’intervalle VA est identique à celle obtenue lors de l’entraînement depuis l’atrium droit. Cela démontre que le ventricule et l’atrium sont liés (VA linking), ce qui exclut la possibilité d’une tachycardie atriale. Cette manœuvre est souvent appelée « manœuvre de Maruyama ».<ref>Maruyama M, Kobayashi Y, Miyauchi Y, Ino T, Atarashi H, Katoh T, et al. The VA Relationship After Differential Atrial Overdrive Pacing: A Novel Tool for the Diagnosis of Atrial Tachycardia in the Electrophysiologic Laboratory. J Cardiovasc Electrophysiol. 2007 Nov;18(11):1127–33.</ref>]]
   
   
Figure 18. Représentation d’un entraînement atrial au cours d’une tachycardie par réentrée intra-nodale (atypique dans ce cas). L’encart A correspond à un entraînement depuis l’atrium droit (HRA). A l’arrêt de l’entraînement, on mesure la durée de l’intervalle VA. L’encart B correspond à un entraînement depuis le sinus coronaire proximal (CSp). A l’arrêt de l’entraînement, la durée de l’intervalle VA est identique à celle obtenue lors de l’entraînement depuis l’atrium droit. Cela démontre que le ventricule et l’atrium sont liés (VA linking), ce qui exclut la possibilité d’une tachycardie atriale. Cette manœuvre est souvent appelée « manœuvre de Maruyama ».(11)
 
(11)
Extrastimuli ventriculaires et atriaux en tachycardie
Extrastimuli ventriculaires et atriaux en tachycardie
Les battements ventriculaires prématurés (spontanés ou provoqués) peuvent recycler la tachycardie, ils avancent alors le potentiel hissien suivant et ne modifient pas la séquence d’activation atriale (Figure 19).
Les battements ventriculaires prématurés (spontanés ou provoqués) peuvent recycler la tachycardie, ils avancent alors le potentiel hissien suivant et ne modifient pas la séquence d’activation atriale (Figure 19).
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