Segment PR (ou segment PQ)

Le segment PR correspond à la ligne isoélectrique entre la fin de l’onde P et le début du complexe QRS. Il fait partie de l’intervalle PR qui représente le temps de conduction de l’impulsion électrique émanant des cellules du nœud sinusal pour dépolariser les oreillettes (onde P) jusqu’aux ventricules (QRS).


ECG : intervalles et segments

Il peut exister des déviations du segment PR dans certaines pathologies ou situations :

- Péricardite[1] : définie par un sous décalage ≥ 0,5 mm dans au moins 2 dérivations frontales (DI, DII, aVL et aVF) et précordiales (V3 à V6), par rapport au segment TP utilisé comme référence isoélectrique[2].


- Infarctus atrial compliquant un infarctus inférieur : il a été proposé des critères électrocardiographiques majeurs et mineurs afin d’aider au diagnostic d’infarctus atriale au cours d’un infarctus ventriculaire.

Les critères diagnostiques majeurs incluent un sus-décalage du segment PR >  0,5 mm en V5-V6 avec sous décalage en V1-V2 ; sus-décalage > 0,5 mm en DI avec sous décalage en DII-DIII ; sous décalage > 1,5 mm dans les dérivations précordiales et 1,2 mm dans les dérivations frontales en présence d’une arythmie atriale[3].

Les critères mineurs incluent une anomalie de l’onde P et un sous décalage du segment PR de faible amplitude sans élévation de ce segment dans d’autres dérivations.

Le sous décalage du segment PR est un facteur de mauvais pronostic dans l’infarctus inférieur[4].


- Repolarisation atriale[5][6] : de polarité inverse de l’onde P et de faible amplitude, peut s’étendre jusqu’au segment ST. En cas d’activation du système sympathique, cette repolarisation atriale davantage marquée peut induire un sous décalage du segment PR et du segment ST mimant une ischémie myocardique.


Le sous décalage du segment PR peut constituer également un marqueur diagnostique supplémentaire chez les patients présentant un syndrome du QT court[7].

Auteur(s): Ahmed Habbout

Références

  1. Spodick DH. Diagnostic electrocardiographic sequences in acute pericarditis. Significance of PR segment and PR vector changes. Circulation 1973; 48: 575–580.
  2. Kudo Y, Yamasaki F, Doi Y, et al. clinical correlates of pr-segment depression in asymptomatic patients with pericardial effusion. Journal of the American College of Cardiology 2002; 39: 2000–2004.
  3. Liu CK, Greenspan G, Piccirillo RT. Atrial Infarction of the Heart. Circulation 1961; 23: 331–338.
  4. Jim M, Siu C, Chan AO, et al. Prognostic implications of PR‐segment depression in inferior leads in acute inferior myocardial infarction. Clin Cardiol 2006; 29: 363–368.
  5. Hayashi H. The experimental study of normal atrial T wave (Ta) in electrocardiograms. Jpn Heart J 1970; 11: 91–103.
  6. Sapin PM, Koch G, Blauwet MB, et al. Identification of false positive exercise tests with use of electrocardiographic criteria: a possible role for atrial repolarization waves. J Am Coll Cardiol 1991; 18: 127–135.
  7. Tülümen E, Giustetto C, Wolpert C C, et al. PQ Segment Depression in Short QT Syndrome Patients: A Novel Marker for Diagnosing Short QT Syndrome? Heart Rhythm 2014; 11: 1024–1030.