Défibrillation / Cardioversion (bases électrophysiologiques)

Historiquement, les défibrillateurs ont été conçus pour traiter les arythmies ventriculaires graves en utilisant des chocs électriques. En principe, on peut différencier deux types de chocs : la cardioversion, qui implique un choc de faible énergie synchronisé sur la pente ascendante de l'onde R, et la défibrillation, qui consiste en un choc de forte énergie non synchronisé. Cependant, en cas de fibrillation ventriculaire, il est parfois impossible de synchroniser en raison de l'instabilité des ventriculogrammes. Dans la pratique, la plupart des défibrillateurs tentent toujours de se synchroniser sur l'onde R, même en cas de fibrillation ventriculaire.

En fonction de l'énergie délivrée par un choc électrique son effet va varier. En effet, à faible énergie, généralement autour du Joule, un choc électrique délivré en période de vulnérabilité peut provoquer une arythmie. La plus haute valeur de vulnérabilité correspond à la plus faible énergie qui peut être appliquée pendant une période vulnérable ventriculaire sans déclencher de fibrillation ventriculaire. Cette valeur est liée au seuil de défibrillation. Ensuite, la probabilité de réussite de la thérapie augmente de manière exponentielle en fonction de l'amplitude du choc délivré, toujours synchronisé sur l'onde R. Cependant, au-delà d'une certaine valeur, le risque de réinduire une arythmie augmente également, limitant ainsi les chances de succès du traitement. Il est important de noter que si l'amplitude du choc est trop élevée, elle peut endommager les tissus myocardiques.

Effet tissulaire de la défibrillation (source : cardiocases.com)

L'énergie stockée et délivrée par un défibrillateur est calculée en utilisant la formule suivante : énergie stockée = 1/2 * C * V^2, où C représente la capacité du condensateur et V représente la tension.

La programmation d'un défibrillateur offre la possibilité de modifier divers paramètres, tels que le type d'onde de choc, le vecteur du choc, l'amplitude du choc et le nombre de chocs délivrés. Ces paramètres peuvent varier en fonction du fabricant du dispositif.

Forme de l'onde de choc

Pendant longtemps, les défibrillateurs utilisaient une onde de choc monophasique, mais dans les défibrillateurs modernes, elle est devenue biphasique. Cette évolution permet de réduire les seuils de défibrillation. La première phase d'un choc biphasique est similaire à celle d'un choc monophasique, mais elle nécessite moins d'énergie. La seconde phase ramène le potentiel membranaire aussi près de zéro que possible pour éviter une réinduction de tachycardie ou de fibrillation ventriculaire. .

En général, l'onde de choc est configurée en mode biphasique par défaut, et il est déconseillé de modifier cette configuration même si les seuils de défibrillation sont élevés du fait du surrisque de réinduction d'arythmie grave en configurant un choc monophasique.

 
Forme de l'onde de choc (source : cardiocases.com)

Vecteur du choc

La programmation de ce paramètre dépend du nombre d'électrodes de coïl disponibles. Le choc de défibrillation est transmis par une sonde dédiée, qui peut être soit mono-coïl (un coïl placé dans le ventricule droit), soit double-coïl (comportant une électrode de défibrillation distale placée dans le ventricule droit et une électrode de défibrillation plus proximale, positionnée au niveau de la veine cave supérieure).

Pour un choc mono-coïl, le choc est délivré entre le coïl distal de la sonde ventriculaire droite et le boîtier du défibrillateur. En revanche, pour une sonde double-coïl, le choc est transmis entre trois structures : le coïl distal, le coïl proximal et le boîtier du défibrillateur. Traditionnellement, l'anode est répartie entre les deux électrodes de choc, tandis que la cathode est le boîtier du défibrillateur.

En pratique courante, il est maintenant utilisé quais exclusivement des sonde mono-coïl du fait de leur efficacité identique aux sondes double-coïl grâce au avancées technologique avec une comorbidité moins importante (notamment en cas d'infection de matériel).

Amplitude des chocs

En présence d'une fibrillation ventriculaire (FV), la programmation habituelle pour l'amplitude du premier choc consiste à utiliser les capacités maximales de l'appareil, tout comme pour les chocs suivants. La programmation de l'amplitude des chocs de défibrillation peut être guidée par le seuil de défibrillation, qui est défini comme la plus petite quantité d'énergie nécessaire pour convertir la FV en un rythme sinusal. Il convient de noter que, selon le fabricant, l'énergie peut être exprimée en termes d'énergie stockée ou d'énergie délivrée.

Nombre de chocs

En ce qui concerne le nombre de chocs, il est généralement fixé à un maximum en zone de FV, ce qui limite le risque d'une série interminable de chocs en cas de thérapies inappropriées. Dans cette zone, il est possible de programmer une série de 6 à 8 chocs consécutifs, en fonction du fabricant.

Auteur(s): Thomas Gallot-Lavallée

Références