Traitements anti tachycardiques

De uness wiki ecg

Un des objectifs de la programmation d’un défibrillateur est de favoriser la prise en charge des troubles du rythme ventriculaire sans nécessité de recourir au choc électrique externe tout en gardant une sécurité optimale. Le but étant d’utiliser une technique efficace, indolore et économisant la batterie du défibrillateur. L’objectif du traitement anti tachycardique (ATP) est donc de « casser » le cycle de la tachycardie en stimulant à une fréquence plus élevée permettant de mettre en période réfractaire une partie du circuit en huit de la tachycardie ventriculaire et ainsi réduire cette dernière.

Mécanisme en huit d'une macro-réentrée de tachycardie ventriculaire
Mécanisme macro-réentrée et blocs fonctionnels

Au vu de son efficacité, c’est le traitement de première intention du DAI concernant les troubles du rythmes ventriculaires organisés, même quand ils sont rapides. En effet il a bien été démontré que l’ATP permettait de réduire environ 90% des tachycardie ventriculaire avec une fréquence cardiaque inférieur à 200/min (avec un risque de 1 à 5% d’accélération de la tachycardie), mais également environ 75% des TV avec une FC entre 200 et 240/min. Ces observations ont permis à l’ATP d’être le traitement de première intention chez les patients porteur d’un défibrillateur avec le recours à la défibrillation à proprement parlé uniquement en cas d’échec de l’ATP. De plus les ATP réduisent jusqu’à 50% des tachycardies avec FC > 240 bpm dans les études justifiant la programmation de la délivrance d’un ATP durant la charge du condensateur même en zone de FV.

Programmation

Afin d’optimiser l’efficacité de l’ATP, il est possible de programmer différents paramètres :

1/Le type de séquence : burst ou rampe

Concernant les bursts, la durée de l’intervalle entre les stimulis est stable tout le long de la même séquence. Il s’agit du type de séquence le plus utilisé en pratique clinique et probablement le moins agressif. Pour les rampes, la durée de l’intervalle décrémente d’un stimuli à l’autre. Les études ont démontré que pour les TV > 200/min, les ATP par burst sont plus efficaces et moins pourvoyeurs d’accélération de la TV. En dessous de 200 < min il n’y a aucune preuve de la supériorité de l’un par rapport à l’autre.

Burst vs Ramp

2/Nombre de séquences de stimulation

Celui-ci va dépendre de la fréquence de la tachycardie détecté. En effet en zone de TV « lente » il est préférable de programmer un nombre important d’ATP puisque ces TV sont généralement mieux tolérées et menace pas la survie en aigue. Plus la TV est rapide moins le nombre d’ATP avant un choc électrique interne le sera afin d’éviter un arrêt cardiocirculatoire prolongé en cas d’échec d’ATP. Pour les tachycardies entre 150 et 200 battements/minute, il est habituel de programmer 3 à 6 séquences successives de stimulation anti-tachycardique.

3/Nombre d'impulsions par séquence

En général, chaque série de stimulations comprend de 5 à 15 stimulations consécutives. Si ce nombre est insuffisant, la séquence de stimulation peut ne pas réussir à casser le rythme de la tachycardie ventriculaire rendant la thérapie inefficace. À l'inverse, un nombre trop élevé de stimulations augmente le risque de déclencher à nouveau la tachycardie ventriculaire après l’avoir réduit. Pour remédier à cela, un stimulus supplémentaire peut être ajouté à chaque nouvelle séquence.

4/La valeur des intervalles de couplage et de stimulation

L'intervalle de couplage représente le délai entre la dernière détection du ventricule spontanée et la première stimulation du ventricule, tandis que l'intervalle de stimulation est le délai entre la première et la deuxième stimulation. Des couplages plus courts rendent la thérapie plus agressive, mais augmentent le risque d'accélérer la tachycardie.

Ces deux couplages peuvent être programmés en pourcentage ou en intervalle fixe en millisecondes (ms). Il est généralement plus judicieux de les programmer en pourcentage pour s'adapter à la fréquence de la tachycardie et à ses variations.

5/Sites de stimulation pendant l'ATP

En ce qui concerne les sites de stimulation pendant l'ATP, dans un défibrillateur simple ou double chambre, le site de stimulation est toujours le ventricule droit. Cependant, dans un défibrillateur triple chambre, il est possible de stimuler le ventricule droit seul, le ventricule gauche seul, ou les deux ventricules simultanément (bi-ventriculaire). La stimulation bi-ventriculaire ou ventriculaire gauche semble théoriquement préférable, car la plupart des tachycardies (en fonction de la cardiopathie) proviennent du ventricule gauche, ce qui réduit la distance entre le circuit de la tachycardie et le site de stimulation

Auteur(s): Thomas Gallot-Lavallée

Références

[1]

  1. https://www.cardiocases.com/fr