ECG endocavitaire

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Introduction

L’électrocardiogramme endocavitaire (ECG endocavitaire) correspond à un enregistrement de l’activité électrique intracardiaque. Contrairement à l’ECG traditionnel, effectué en plaçant des électrodes sur la peau du patient pour mesurer l’activité électrique du cœur de l'extérieur, l'ECG endocavitaire est recueilli directement dans les cavités cardiaques à l'aide de sondes ou de cathéters. L'enregistrement est réalisé entre deux dipôles, qui se trouvent généralement à l'extrémité des dispositifs utilisés.

Ce procédé est utilisé en salle d'électrophysiologie pour poser des diagnostics et réaliser des traitements. Il est également utilisé par les pacemakers pour le fonctionnement de leurs algorithmes.

En électrophysiologie

En électrophysiologie, les ECG endocavitaires jouent un rôle central dans l'approche diagnostique et thérapeutique. Plusieurs cathéters sont placés dans les cavités cardiaques, sur différentes structures anatomiques, afin de recueillir le signal spécifique de chacune d'entre elles. Les cathéters peuvent comporter une ou plusieurs électrodes, et ils peuvent être bipolaires, quadripolaires ou décapolaires (2, 4 ou 10 électrodes)[1].

Le signal en temps réel est affiché sur une baie électrophysiologique. Il est filtré afin de ne pas être parasité par les perturbations électriques présentes autour du patient.

Une exploration électrophysiologique standard est souvent réalisée avec une sonde dans le sinus coronaire, une sur le faisceau de His et une variable selon la cavité que l'on souhaite stimuler.

Tracé d'EEP montrant une mesure de durée AH et HV. Les lignes I, II et III correspondent à l'ECG de surface, OD à celle de la sonde de l'oreillette droite, HIS à celle de la sonde place sur le mis et SC à celle du sinus coronaire de 9-10 (proximal) à 1-2 (distal)

Les normes de conduction sont [2]:

  1. Conduction intra-auriculaire, intervalle P-A (25-45 ms)
  2. Conduction intra-nodale, intervalle AH (60-130 ms)
  3. Dépolarisation hissienne, potentiel H (10-20 ms)
  4. Conduction hissienne, intervalle H-V (30-55 ms)
  5. Conduction intraventriculaire, intervalle QRS (< 110 ms)


Le signal peut être qualifié de différentes manières.

  • On peut le décrire comme "shap" ou "mousse" en fonction de sa pente de dépolarisation, plus ou moins abrupte.
  • On parle de nearfield pour l'enregistrement de l'ECG endocavitaire d'une structure adjacente à un cathéter, et de farfield pour celui d'une structure plus éloignée. Le second signal présente un aspect plus atténué.
  • On peut parler de signal fragmenté lorsqu'il est prolongé, d'une complexité inhabituelle et généralement de faible voltage. Cela traduit une anomalie de propagation du courant électrique (ralentissement/dispersion) dans cette zone.

De nos jours, les logiciels de cartographie en 3D sont couramment utilisés pour intégrer ces signaux et réaliser une cartographie électrique d'une cavité cardiaque ou une carte de la propagation d'une arythmie.

En stimulation cardiaque

En ce qui concerne la stimulation cardiaque, les électrocardiogrammes endocavitaires sont recueillis par les sondes intracardiaques, qu'elles soient ventriculaires (droite ou gauche) ou atriale. On parle alors d'électrogramme endocavitaire (EGM). La détection se fait entre les deux dipôles distaux des sondes (détection bipolaire) ou entre l'anode de la sonde et le boîtier du pacemaker (détection unipolaire).

Ces signaux sont traités par le pacemaker. Tout d'abord, ils sont filtrés en fonction de leur fréquence, qui est spécifique à chaque onde que l'on souhaite détecter. Par exemple, l'onde P possède une fréquence entre 10 et 50 Hz, tandis que l'onde R a une fréquence entre 10 et 70 Hz. Ensuite, le stimulateur analyse la pente de dépolarisation de l'onde afin de recueillir uniquement le signal d'intérêt, notamment pour discriminer l'onde T. Enfin, il amplifie le signal.[3]

Le dispositif utilise ce signal pour détecter l'activité cardiaque spontanée et réagir en conséquence, en stimulant ou non la cavité concernée, ou en traitant les éventuelles arythmies mises en évidence. Les épisodes d'intérêt sont également enregistrés pour l'utilisateur.

Les épisodes sont généralement restitués sous forme d'une ou deux lignes correspondant à l'EGM de chaque cavité. Une troisième ligne montre l'interprétation de cette activité par le stimulateur, avec des annotations, des marqueurs spécifiques à chaque fabricant.

EGM pace maker en rythme sinusal, le marqueur A correspond à une oreillette spontanée et le R à un ventricule spontanée
Auteur(s): Victor Fournier

Références

  1. A. Leenhardt, C. Sebag, F. Extramiana, V. Algalarrondo. L'essentiel en rythmologie. 3ème édition. Médecine science Publications ; 2012. p41-50
  2. "ECG spécial endocavitaire." e-cardiogram.com. Disponible sur : https://www.e-cardiogram.com/ecg-special-endocavitaire/ consulté le 02 juin 2023
  3. Ritter P, Fischer W. Pratique de la stimulation cardiaque. Springer; 2000. p. 28-34