Discrimination TSV / TV (défibrillateur)

Généralités

Pour rappel la détection initiale d’une arythmie qu’elle soit ventriculaire ou supra-ventriculaire se fait grâce à des critères de fréquence et de durée. En effet, le critère fréquence est nécessaire mais pas suffisant pour faire la part des choses entre un troubles du rythme ventriculaire et supra-ventriculaires. Si l’on se reposait uniquement sur ce critère nous obtiendrons une sensibilité de 100% mais une spécificité uniquement de 60% et mènerait donc à un nombre important de choc inapproprié. Améliorer la détection entre une arythmie ventriculaire et supra ventriculaire, repose sur la possibilité d’un défibrillateur de réaliser une discrimination afin de préciser l’origine de la tachycardie en se basant sur différents critères telle que la stabilité des intervalles RR, le mode de démarrage, l’état de l’association oreillette-ventricule (AV), programmés isolément ou en association

Les algorithmes de discrimination doivent être désactivés chez les patients en BAV complet permanent. En effet dans ces situations la détection d’une fréquence élevée à l’étage ventriculaire ne peut pas être dû à une tachycardie supra-ventriculaire conduite.

De plus, en zone de FV les algorithmes de discrimination ne sont pas pris en compte. En effet, le critère de sécurité l’emporte et la détection d’une fréquence ventriculaire élevée entrant dans la zone « FV détectée » par le DAI déclenche les thérapies programmées, sans que l’épisode ne soit « filtré » par les algorithmes de discrimination.

Les algorithmes de discrimination diffèrent entre un défibrillateur simple chambre et un défibrillateur double chambre, et d’une marque à l’autre.

Critères de discrimination des DAI simple chambre

A/Mode de démarrage de la tachycardie

Le démarrage brutal d’une tachycardie va permettre de différencier une tachycardie sinusale qui va augmenter en fréquence progressivement d’une tachycardie ventriculaire qui va démarrer brutalement. Néanmoins cela ne permet pas de discriminer une tachycardie ventriculaire, d’une FA ou d’un flutter qui ont tous les trois un début brutal.

 
Exemple algorithme début soudain chez Biotronik (source : cardiocases.com)

B/Stabilité

Le critère stabilité d’une tachycardie va permettre de différencier une fibrillation atriale puisque cette dernière est irrégulière, d’une tachycardie ventriculaire normalement régulière. Cependant ce critère n’est pas non plus suffisant isolément puisqu’il ne permettra pas de différencier une tachycardie sinusale/flutter atrial et une tachycardie ventriculaire toutes les trois stables en terme de fréquence en règle général.

 
Exemple algorithme stabilité chez Biotronik (source : cardiocases.com)

C/Morphologie

Le critère morphologie compare une morphologie du signal de référence en rythme sinusal à la morphologie du signale en tachycardie. En dessous d’un certain seuil de similitude entre le signal en rythme sinusal et le signal en tachycardie, cette dernière est classée en TV. Cela permet donc théoriquement de faire la différence entre toutes les tachycardies supra-ventriculaires et les tachycardies ventriculaires. Cependant ce critère peut être pris à défaut en cas de bloc de branche fonctionnel tachycardo-dépendant modifiant la morphologie du signal par rapport à la référence.  

 
Exemple algorithme morphologie chez Medtronic (source : cardiocases.com)


Critères de discrimination des DAI double chambre

L’avantage majeure d’une sonde atriale est qu’elle permet de comparer en continu la fréquence ventriculaire à la fréquence atriale. Si la fréquence ventriculaire est supérieure à la fréquence atriale il s’agit forcément d’une tachycardie ventriculaire. Cependant une fréquence atriale égale ou supérieur à la fréquence ventriculaire n’est pas forcément le reflet d’une tachycardie supra-ventriculaire (exemple TV avec conduction rétrograde en 1 pour 1, TV et FA à l’étage atriale). Le rapport atrial et ventriculaire est incorporé de façon différente dans les algorithmes de discrimination de DAI double chambre en fonction des marques.

Auteur(s): Thomas Gallot-Lavallée

Références

[1]